Impact de l'Ubérisation sur les marchés

Impact de l'Ubérisation sur les marchés

Les plateformes, qu'elles soient commerciales ou autogérées à la manière d'une coopérative par la communauté qu'elles portent, mettent en relation des offreurs et des clients qui y acquièrent ainsi produits et services. Elles assurent une meilleure accessibilité d'offres plus riches et, parfois, une meilleure qualité de service ou une baisse des prix moyens. Les impacts et les pistes de réflexion qui découlent de ces nouveaux modèles varient selon les marchés sur lesquels ces plateformes se développent et la nature des offres qui y sont proposées.

(cf. tableau 1 en bas de page).

La création de valeur par les plateformes sera plus grande lorsqu'elles agrègent des marchés très atomisés ou qu'elles proposent une réponse à ceux pour lesquels la demande n'est pas satisfaite (tel que le marché des taxis avant l'arrivée d'Uber). A l'inverse, sur des marchés largement adressés où les acteurs existants, quelle que soit leur taille, ne sauraient pas s'adapter voire se réinventer, les plateformes seraient en capacité d'acquérir des parts de marché très significatives (cf. tableau 2 en bas de page), faisant courir à l'économie des risques déflationnistes (en volume et/ou montant).

Les conséquences sociales et sociétales de l'ubérisation seront négatives sur des marchés de service existants susceptibles d'être supplantés par un fort degré d'automatisation des tâches ou pour des offreurs (individus ou TPE/PME) qui seraient dans l'obligation de subir des conditions de travail ou commerciales non conformes aux règles et lois habituellement en vigueur sur leur marché. A l'inverse, le déploiement des plateformes peut aussi offrir des opportunités exceptionnelles  à des individus ou des TPE qui trouvent enfin dans ces modèles une voie à la socialisation, à une meilleure capacité à se mettre en marché ou au développement de leur chiffre d'affaires.

Enfin, l'appréciation des impacts environnementaux doit nécessairement être réalisée marché par marché tant le calcul du bilan en la matière est complexe et sous-tendu à un grand nombre de paramètres, pas toujours mesurés ou mesurables.

Quel que soit le marché, une démarche protectionniste envers les grands acteurs existants aurait des conséquences néfastes sur le développement des plateformes. Il appartient aux moyennes et grandes entreprises concernées d'adapter leur stratégie, leurs organisations et les moyens qu'elles mettent en œuvre en conséquence et de conduire le changement.

Sur les marchés de service, il faut cependant s'assurer, avec une approche par marché :

-          Que les plateformes ne se bornent pas à mettre en œuvre des modèles cherchant à contourner ceux basés sur le salariat, sans autre valeur ajoutée pour les offreurs et les clients,

-          Que les offreurs sont entièrement libres d'accepter les conditions proposées et de fixer celles qui leur reviennent de droit,

-          Que les marchés soumis à un fort risque de cannibalisation ou pour lesquels une forte automatisation est inexorable voire souhaitable soient accompagnés sur le plan social dans leur mutation (formations, reclassements, ...).

En conclusion, les impacts économiques et sociaux liés au développement des plateformes dépendent du type de biens et prestations qu'elles proposent. Une étude approfondie par marché est indispensable en vue de mettre en lumière les mesures à prendre rapidement afin d'assurer dans les meilleures conditions possibles le développement des nouveaux modèles et les cadres à poser afin de limiter les effets négatifs qui pourraient en découler.

 

Tableau 1 - Impacts du développement des plateformes par type de marché

impact du developpement des plateformes par type de marche

 

Tableau 2 - Impact de l'Ubérisation sur le PIB

impact de l uberisation sur le pib

 

PS: texte rédigé par Paul-Emile CADILHAC en collaboration avec Claudine MARTINEZ et Jean-Philippe CUNIET et inclus dans "Le livre bleu de l'observatoire de l'Ubérisation

Share this post